Le chanvre a le vent en poupe

Le chanvre affiche un intérêt croissant de la part du constructeur et de l’agriculteur

Le secteur de la construction, tout comme le secteur agricole, doit continuer à se verdir. Le chanvre, de préférence cultivé localement, semble jouer un rôle particulier, car il a beaucoup à offrir en tant que matériau biosourcé. On le connait sous forme d’isolant, mais d’autres applications et atouts supplémentaires intéressent également de plus en plus les promoteurs immobiliers. Ou comment la durabilité, la construction et l’agriculture peuvent aller de pair.

Lorsqu’on se promène sur les routes flamandes, l’on croise désormais de temps à autre un champ de chanvre. Il s’agit de chanvre industriel, c’est-à-dire sans effets psychotropes. L’on constate un intérêt croissant pour ce chanvre, aussi bien de la part du constructeur que de l’agriculteur, qui ont mutuellement besoin l’un de l’autre. VLAIO mène actuellement un projet de recherche intitulé Hennep+ en vue de créer une chaine de valeur du chanvre durable pour le secteur manufacturier et de la construction flamand, et d’étudier les possibilités. En Australie, par exemple, l’on parle déjà d’une maison en chanvre imprimée en 3D. En outre, le chanvre industriel en tant que culture à croissance rapide offre des effets encore plus positifs sur l’environnement. Découvrons-en plus.

« Le potentiel du secteur du chanvre repose sur trois piliers : les matériaux de construction biosourcés, le captage du carbone et l’assainissement du sol », explique Frederik Verstraete, Managing Director de C-biotech qui, en tant que branche de Cordeel Group, investit dans des solutions durables pour la construction. « Il y a tout d’abord les applications du chanvre pour les matériaux de construction biosourcés : comme matériau d’isolation sous forme de chaux-chanvre, mais aussi transformé en “bois de chanvre” et en panneaux durables. » Power­station, une société sœur de C-biotech, présente un autre exemple frappant : des bornes de recharge écologiques à base de biocomposites de chanvre. L’entreprise Trafiroad propose la même chose pour les poteaux de circulation. ­Frederik Verstraete : « Les matériaux de construction biosourcés, comme le chanvre produit localement, constituent la clé pour réduire les émissions de CO2 du secteur de la construction. Il n’y a pas de construction durable sans agriculteur, et pas d’agriculteur sans construction. » 

La culture locale du chanvre présente d’autres avantages. Frederik Verstraete : « Le chanvre peut agir contre la pollution du sol, ce qu’a démontré un projet pilote fructueux à Zwijndrecht sur un sol pollué aux PFAS. » Par ailleurs, le chanvre en tant que plante à croissance rapide peut absorber une quantité importante de CO2, entre 8 à 15 tonnes par hectare. Plusieurs villes mais aussi plusieurs entreprises immobilières proposent déjà des terres pour la culture du chanvre. « En transformant ce chanvre en matériaux de construction et en l’utilisant dans la construction, il est donc possible de stocker le CO2 dans le bâtiment », explique Frederik Verstraete. Le résultat ? Une réduction de l’empreinte carbone, ce qui contribue à l’objectif de la construction neutre sur le plan climatique. 

Dans le secteur de la construction, les applications de chanvre les plus connues concernent bien entendu l’isolation, comme les produits des entreprises belges Exie et IsoHemp. IsoHemp s’est récemment fait remarquer avec Hempro System, une solution de construction faible en carbone composée de deux sortes de blocs de chanvre : des blocs pleins et des blocs creux préfabriqués ou en forme de U. Cette solution se prête à un système monomur, avec une valeur U de 0,19 W/m² K en 36 cm d’épaisseur, rapide et facile à placer. « À l’heure actuelle, la majorité de notre chanvre provient encore du nord de la France et des Pays-Bas », confie Charlotte de Bellefroid d’IsoHemp. « Mais la culture du chanvre fait également son grand retour en Belgique pour notre plus grand bonheur. Intégrer le chanvre belge dans la production est également un objectif. » Au chanvre belge, on dit oui !