L’art de bâtir est devenu aujourd’hui une partition complexe impliquant une multitude d’acteurs. Et parmi eux figure aussi le candidat-bâtisseur. Depuis vingt ans, BEE architect s’efforce d’impliquer ce dernier dans l’écriture de cette partition, de l’amener à s’approprier l’œuvre pour aboutir in fine, au projet le plus abouti. Même, et peut-être surtout, si cela implique d’envisager le projet initial sous un angle complètement différent.
Depuis une vingtaine d’années, le bureau d’architecture BEE architect, implanté à Beez, en région namuroise, partage sa vision et sa passion dans des projets très diversifiés, qu’il s’agisse de bâtiments publics, de bâtiments industriels, de projets de développement immobilier ou de projets privés. « Depuis peu, nous constatons que les rénovations à caractère patrimonial où priment des réflexions sur le confort, la mise en conformité et la performance énergétique sont de plus en plus récurrentes dans notre travail », entame Philippe de Menten. « Mais le point de départ de notre approche, quel que soit le projet, est et reste l’écoute attentive du client. Nous l’incitons à faire preuve de curiosité, à transgresser les limites de sa zone de confort pour découvrir la réalité du projet sous un autre angle. Il s’agit de bien comprendre les enjeux. Et il n’est pas rare que le candidat-bâtisseur les ignore lui-même, ou ne cerne pas avec clarté ses besoins », précise-t-il.
« L’approche du projet tend à privilégier la sobriété, une sobriété qui s’exprime à travers l’architecture, les matériaux, les solutions d’organisation des bâtiments, le recours aux techniques aussi. La sobriété, c’est avant tout ne pas construire ce que nous pouvons mutualiser. Nous concentrons nos efforts à organiser l’évolution des usages dans l’espace et le temps : dans une école, une bibliothèque peut servir de local informatique ; à l’échelle d’une maison, une salle de jeu deviendra plus tard un salon TV, une chambre supplémentaire ou un bureau », explique Philippe de Menten.
Plusieurs projets sont ensuite proposés pour balayer un spectre le plus large possible des contraintes et opportunités. Une fois le fil rouge trouvé et le projet validé, il s’agit de répondre à toutes ces contraintes, souvent très complexes. Et ceci présuppose une méthode de travail rigoureuse, fondée sur un suivi minutieux et le respect du travail de chaque intervenant.
« Un bâtiment n’a pas qu’une seule vie, celle pour laquelle il a été conçu ; non, il en a plusieurs », confie Philippe De Menten. De fait, l’affectation d’un bâtiment peut changer au fil du temps, au gré d’un transfert de propriété, d’une cessation d’activités ou d’une occupation spatiale réduite. Autrement dit, ici aussi, la créativité est de mise.
« Ce contexte évolutif nous plonge dans une période charnière, caractérisée par de nombreuses contraintes et indicateurs qui changent constamment. Ce n’est pas un mais plusieurs environnements qui sont en pleine mutation. Avant tout, celui de l’énergie et de la réglementation PEB, dans la volonté explicite d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Chaque région adopte des lois différentes, tout en restant attentive à ce qui se fait ailleurs. Nos clients doivent effectuer des choix qui les engageront sur des durées de 30 à 40 ans sans connaître les contraintes réglementaires ou fiscales qui s’appliqueront dans les années à venir. C’est la quadrature du cercle pour l’architecte chargé de les conseiller », nous confie-t-il.
« Un exemple : la Flandre impose depuis peu l’obligation de passer à une classe de performance énergétique D lors de toute mutation de bien. Mais quid dans quelques années ? Faudra-t-il passer à la classe C, B, voire A ? C’est compliqué si le candidat-acquéreur désire garder son bien à vie. Si la classe A est alors requise, il faut s’interroger sur l’opportunité d’une rénovation profonde ou d’une démolition suivie par une nouvelle construction. Démolir, c’est l’opposé de la décarbonation car on fait table rase de ressources déjà transformées et utilisées. De plus, transformer un bâtiment ancien en bâtiment neuf est extrêmement onéreux, avec un coût nettement supérieur au neuf et qu’il faudra amortir sur plusieurs dizaines d’années. Ce n’est pas au prix actuel de l’énergie qu’un tel investissement peut être remboursé.
Le second environnement en totale mutation est celui des coûts des matières premières et de main d’œuvre, fortement en hausse. Le troisième volet concerne l’aménagement du territoire, dont la gestion offre peu de cohérence, c’est un millefeuille de législations et de réglementations locales qui changent selon la commune, les majorités ou les fonctionnaires. Ceci allonge nettement les délais d’obtention d’un permis. Il manque un arbitre qualifié, capable de nous guider à travers l’imbroglio législatif et de statuer utilement sur des législations qui se contredisent parfois. La méthode actuelle réclame aux candidats-bâtisseurs des dépenses lourdes en études préalables pour disposer d’un avis écrit des autorités qui engage ces dernières. Le plus souvent, il s’agit de demander un permis pour enfin connaître, via un refus, l’avis officiel des autorités. C’est une perte de temps considérable, qui se retrouve aujourd’hui dans le coût de la construction » estime Philippe de Menten.
« Dans ce contexte complexe, la phase de création est essentielle, elle doit aboutir à un projet qui intègre toutes les parties dans un écrit commun sur le futur du site concerné. L’architecte raconte à travers ses créations une histoire commune qui le dépasse. C’est la beauté du métier », conclut Philippe de Menten.